Oft she did heave her napkin to her eyne,
Which on it had conceited characters,
Laund’ring the silken figures in the brine
That seasoned woe had pelleted in tears,
And often reading what contents it bears;
As often shrieking undistinguished woe,
In clamours of all size, both high and low.

(3)Souvent elle portait à ses yeux son mouchoir,
Où l’on voyait brodés d’élégants caractères,
Figures baignées comme dans l’eau d’un lavoir,
Où le malheur avait plu ses gouttes amères ;
Souvent elle lisait de ces mots la matière,
Aussi souvent elle poussait des cris confus,
Des clameurs de toute sorte, graves et aiguës.

Sometimes her levelled eyes their carriage ride,
As they did batt’ry to the spheres intend;
Sometime, diverted, their poor balls are tied
To th’orbed earth; sometimes they do extend
Their view right on; anon their gazes lend
To every place at once, and nowhere fixed,
The mind and sight distractedly commixed.

(4) Parfois ses yeux sont des boulets prêts à tirer,
Comme s’ils voulaient monter à l’assaut des sphères ;
Parfois, distraits, leurs pauvres globes sont fixés
A l’orbe de la terre ; quelquefois ils préfèrent
Regarder droit devant ; et puis leur regard erre
Sans du tout s’arrêter, partout en même temps,
L’esprit et la vue dans la folie se mêlant.

Notes:
Strophe 3:
v. 1: “eyne”: “eyes”.
v. 3-4: le mouchoir a des “caractères” (des mots) brodés dans la soie : en essuyant ses yeux elle « lessive » (« laund’ring ») ces caractères dans l’eau salée (« brine ») que le chagrin habituel (« seasoned woe ») a envoyé en grosses gouttes (« pellets »), ses larmes ; j’ai essayé d’exprimer tout cela, qui est exprimé avec une concision remarquable, pas forcément à sa place exacte ni dans des termes similaires (car la rime… prime !).
Strophe 4:
longue comparaison (déjà vue dans les Sonnets) entre les yeux et des canons sur leur affût (« carriage »), pointés (« levelled ») sur leur objectif, en l’occurrence les astres, puis la terre, puis… n’importe quoi, dans le désespoir et la folie.